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Zoo City – Lauren Beukes

Je suis déçue, déçue, déçue. Zoo City, conseillé par tous, acclamé par la critique SF, s’annonçait comme un excellent roman de divertissement. On me l’avait présenté comme une nouvelle version de La croisée des mondes, en plus adulte, drôle d’amalgame. Et c’est là que j’aurais peut-être dû me méfier.

Zoo City se passe dans un Johannesburg post-appartheid, violent et inégalitaire. Et toute l’originalité du roman repose sur la raison de cette fracture. Un mal ronge l’Afrique en feu mais aussi le monde entier et le scinde en deux: soit vous êtes un criminel, un rebut de la société ou vous n’avez rien à vous reprocher, soit vous avez un familier ou vous n’en avez pas. C’est un peu une version modernisée de Le Bon, la Brute et le Truand, quoi.

Mais on n’est pas chez Clint, et ce familier – moineau, pingouin, paresseux – vous ne naissez pas avec, il vous tombe littéralement dessus : il est la preuve vivante de votre culpabilité. Et dès lors que vous l’acquérez votre vie change, les règles changent :

– Il meurt, vous mourez.

– Avec lui, vous « gagnez » un don, un pouvoir psychique.

Zinzi December est une héroïne comme on les aime : forte, indépendante, vive d’esprit, à la vie chaotique et désordonnée. Ancienne journaliste devenue droguée devenue meurtrière devenue Zoo/animalée, c’est elle qu’on suit dans les recoins les plus obscurs de cet univers.

Jusque là, c’est très prometteur, non ?

Eh bien, c’est là que réside le problème de cette lecture : elle m’a frustrée. Sur le papier, le potentiel est tellement riche, les idées tellement bonnes, que la réalisation, honnête mais très commune, m’a laissée sur le bord de la route.

Zinzi a un don assez sympathique : elle retrouve ce qui a été perdu. Jusqu’à présent, elle s’est limitée aux objets, mais le couteau placé sous la gorge par son ex-dealer, elle accepte de retrouver Song, une jeune chanteuse, pour son producteur. Et là, c’est le drame.

Ce fil narratif va certes nous permettre d’avoir un aperçu de la vie et des talents de Zinzi, d’avoir un goût de la ville et de la faune qui s’y cache. Mais on se concentre tellement sur cette histoire, au final inintéressante et sans rapport avec les autres thèmes soulevés, qu’on survole tout le reste.

Pourquoi se lancer dans une ennuyeuse histoire d’enlèvement quand on a tant de possibilités narratives ?

Pourquoi se concentrer sur ces enfants-chanteurs sans profondeur au détriment de Benoit, l’amoureux réfugié rwandais à la double vie, ou même D’Nice et Marabout, deux vilains à peine dépeints ?

Même quand la magie arrive de plein fouet dans la vie de Zinzi, à la fin du roman, ça tombe comme un cheveu sur la soupe. Pourtant, là encore, le potentiel est là car les rares scènes de magie sont réussies. De toutes façons, quand l’intrigue principale vous fait bailler, c’est mauvais signe.

Attention, c’est loin d’être un mauvais roman : on le lit en entier sans difficulté, l’originalité est là. Mais j’ai eu en permanence le sentiment d’être en décalage avec l’auteur. Elle m’emmène dans des directions qui m’ennuient -l’enquête policière, la course poursuite, la Pop musique- et délaisse celles qui m’apparaissaient vraiment dignes d’intérêt, et certainement beaucoup plus sombres. Parce que c’est bien joli, on parle drogue, meurtre, sexe, mais on n’en voit rien. Tout cela glisse sur les personnages, à peine croqués. La construction des personnages n’est pas le fort de Lauren Beukes: ils sonnent vide.

Au final, Zoo City est un bon roman… de Littérature Jeunesse ! La comparaison avec La croisée des mondes se limite à la présence des familiers : l’univers et l’écriture de Pullman sont bien plus à mon goût.

Je n’ai pas trouvé ici la complexité et la force auxquelles je m’attendais quand on parle morale, culpabilité, mort et survie.

You see in this world there's two kinds of people, my friend. Those with loaded guns, and those who dig. You dig.

 

 

Attention : ce roman est conseillé par SFX magazine, pas SEX magazine. Bande de pervers.

Titre original : Zoo City

Langue: français

Éditeur : Eclipse

Thèmes : Culpabilité, Violence, Mort, Survie

Pages : 344

1re publication : 2010, traduit en 2011

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Game of thrones – Série TV

Le 1er Avril est décidément une date importante puisque ce dimanche, Game of thrones, season 2, reprenait sur la grande et belle chaine HBO.

Et Game of thrones est LA série du moment, parole d’ex-série-addict-en-quête-de-fraîcheur-et-de-nouveauté. Il y a des séries qui vous accrochent dès les premières minutes, pour ne plus jamais vous lâcher – chacun a un palmarès : BSG, House ou The West Wing pour moi – et Game of thrones est définitivement de celles-là.

Inspirée de l’immense (et inachevée) saga de Medieval Fantasy éponyme, Game of thrones raconte la rivalité de plusieurs familles pour accéder au trône. Intrigue, violence, légende, trahison se mêlent dans cet univers brutal où les gentils ne gagnent pas toujours. Et où beaucoup meurent. Dans d’atroces souffrances, de préférence.

Tour à tour, on prend parti pour la famille Stark, hommes rudes mais justes et loyaux, pour les abandonner au profit des Lannister, êtres tordus et débauchés mais tellement passionnants et drôles. Qui aurait cru qu’un personnage surnommé le lutin, difforme et alcoolique, puisse s’avérer d’un charisme et d’un charme ravageurs, tellement qu’on en tomberait presque amoureux ?

C’est un des éléments sur lequel repose le succès critique et populaire de la série. On est sur HBO, où l’on a l’habitude de bien faire les choses et de les faire en grand. Rien n’est laissé au hasard. Alors non seulement, le casting est excellent – on citera Sean Bean, Boromir dans le SDA – la musique envoûtante, mais réalisation et décors portent le scénario et le jeu des acteurs. On plonge dans cet univers sans pouvoir résister. Et cet univers à l’esthétique bien particulière nous parle : éloignez les enfants, il est question de sexe, d’alcool et de mort. Beaucoup.

Alors, si vous aimez les histoires pas du tout pour enfants, laissez-vous aller et partez en voyage avec Game of thrones.

Si la Fantasy vous répugne, oubliez que ça en est. Pensez Moyen Age. Le temps que vous voyiez quoi que ce soit qui ressemble à de la magie, vous serez déjà conquis.

En plus, y a du beau gosse, et de la belle pépette. Si ça, ça n’achève pas de vous convaincre…

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Top Ten Tuesday : 5 livres de Fantasy pour les grands

Vous aimez les lectures qui n’en finissent pas ? Fermer un live tout en sachant qu’il reste encore 3 volumes derrière ? Vous aimez les longues épopées même pas intergalactiques ? Les fuites effrénées par instinct de survie ? Vous aimez les coeurs purs affublés de compagnons plus faillibles qu’eux ? Les héros endurant mille tourments et épreuves pour notre bien à tous ? Vous aimez les châteaux, les chevaliers, les combats à l’épée et les vieux bibelots ?

Et surtout, vous aimez la magie qui ne fait pas Crac-boum-hue ?

Alors, cette liste est pour vous !Cette semaine : Thème libre ! Et j’ai choisi…

5 livres de Fantasy

pour les grands :

Pourquoi ce choix ? Parce que c’est une jungle, et qu’il est facile de s’y perdre. Parce qu’il y a proportionnellement beaucoup plus de daubes qu’ailleurs. Parce que ça va me rappeler de bons souvenirs.

Je ne suis ni une grande consommatrice, ni une spécialiste du genre. Certains « classiques » m’ont fait hurler de rire et je les ai posés à la 30ème page.

Du coup, 10 excellents romans, c’est trop, faut pas abuser. En plus, ils font tous 3000 pages en moyenne. Je m’arrêterai donc à 5.

1) Le seigneur des anneaux – The Lord of the rings – JRR Tolkien

« Un Anneau pour les gouverner tous,

Un Anneau pour les trouver

Un Anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier

Au Pays de Mordor où s’étendent les ombres »

Comment ne pas le citer ? C’est un univers d’une richesse incroyable. Tellement fouillé et complet qu’on se prend à y croire. Une magnifique épopée, exaltante, émouvante, à condition de dépasser les 100 premières pages.

Si vous êtes réfractaire, rapport à tout le tapage autour du film et aux boutonneux qui ne jurent que par ça, dites-vous que pour une fois, ils ont raison.


2) Le cycle de l’assassin royal / La citadelle des ombres – The Farseer Trilogy et The Tawny ManRobin Hobb

En poche, le cycle de l'assassin royal

À l’origine, ce sont deux trilogies. Mais les aléas de la traduction et de l’édition françaises les ont transformées en une multitude de volumes. Avec parfois des titres différents. Pratique, non ?

Dans un univers médiéval, rude et légèrement obscurantiste, nous suivons Fitz, le bâtard du roi, élevé à la cour comme assassin royal. Mais le royaume, jusque là en paix, devient la cible des attaques des pirates rouges, qui transforment les hommes en animaux. Fitz, tiraillé entre deux formes de magie, l’une légale, l’autre bannie, devra trouver son rôle dans la défense du royaume et de la famille royale dont il est issu.

Ces romans marquent le début de mon intérêt pour l’héroïc-fantasy. Ils m’ont tenue des nuits entières en haleine, et pourtant, je n’offre pas mon précieux sommeil si facilement.

L’univers m’a fascinée. (Et j’étais tombée amoureuse de Vérité qui disparait pendant la moitié du roman, il fallait que je le retrouve !)La magie n’y est jamais loin, sans pourtant être vraiment présente. Pas de feux d’artifice ou autres magiciens à paillette. Mais une subtile poésie macabre et des personnages bien campés et très attachants. Et ils souffrent. Et on aime ça. Mais c’est sûrement pour leur bien, non ?

3) Les aventuriers de la mer / L’arche des ombres – The Liveship Traders – Robin Hobb

J’emprunte à Wiki : « Ce cycle raconte l’histoire d’une famille de marchands de la très prospère Terrilville, bien au sud de Castelcerf (ville où commence l’histoire de L’Apprenti assassin). Cette famille possède la Vivacia, une vivenef – formidable vaisseau pouvant devenir vivant, et surtout, pouvant remonter le fleuve du Désert des Pluies afin de faire le commerce d’objets merveilleux. À la mort d’Ephron Vestrit, capitaine de la Vivacia, la lutte pour posséder la vivenef commence. »

Objectivement, cette trilogie (elle aussi morcelée en français) est meilleure que celle citée précédemment. Les personnages y semblent plus fouillés et l’exotisme qu’ils dégagent, de même que les lieux, les rend fascinants. On suit plusieurs personnages, bien moins têtes à claques que Fitz, mais aussi beaucoup plus ambitieux et en phase avec leur monde. Ça fait du bien. Et puis, il y a cette présence tout au long du roman, ce personnage dont je n’ai pas rencontré d’égal ailleurs : la vivenef, ce bateau adoré et maudit. Un vrai héros de tragédie.

Et puis, mesdames, un argument de poids : Robin Hobb est une femme. Et ça se sent. On  a dans ces différentes trilogies une très belle galerie de personnages féminins, forts et indépendants. Et des personnages avec un véritable rôle à jouer, pas des potiches.

Chronologiquement, elle fait le lien entre les 2 parties de l’assassin royal et permet de combler certains « blancs ». C’est d’ailleurs parce que je ne l’ai lue qu’en second qu’elle m’a, au final, moins marquée. Peut-être aussi parce qu’il a fallu que j’attende la sortie de quelques tomes, bien petits, avant de finir la lecture directement en anglais.

Peut-on apprécier pleinement cette série sans avoir lu L’assassin royal ? Pas la 1re partie, en tout cas.

4) Le secret de JiPierre Grimbert

Enfin un auteur français !

Je vous renvoie à Wiki pour le synopsis. Mis à part une écriture agréable, ce que j’ai aimé ici, c’est l’épopée communautaire. Car le secret de Ji, c’est l’aventure d’un groupe, hétéroclite, héritier d’un lourd passé qu’ils ne maîtrisent pas.

On y retrouve au final quelques composantes qui ont fait le succès du Seigneur des anneaux (la force et le poids d’un lieu, le groupe d’aventuriers choisis par le destin), mais ici la communauté ne se disloque pas si rapidement.

Le problème des auteurs de Fantasy, c’est qu’ils ne savent pas s’arrêter. Car après le secret de Ji, nous avons eu le droit aux enfants de Ji puis aux gardiens de Ji. Chaque série est, bien sûr, un peu moins bonne que la précédente.

Grimbert est aussi l’auteur de l’excellent Tome 1 de La Malerune. Malheureusement, il n’a pas poursuivi lui-même cette série et son successeur n’est pas à la hauteur.

5) Les princes d’Ambre VS Les chroniques d’Alvin le faiseurZelazny VS Scott Card

Ces 2 séries n’ont rien de bien exceptionnel, mais je m’en souviens encore, ce qui n’est déjà pas si mal. Et comme il en fallait 5…

Si vous avez beaucoup de temps devant vous, lisez Les princes d’ambre (10 tomes). Ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais on se laisse malgré tout très vite prendre au piège de cette saga interminable. D’ailleurs, quelques volumes en moins, ça n’aurait pas été désagréable.

Si vous êtes très patient, lisez Alvin. La série n’est pas finie, et si ça se trouve, Scott Card a rejoint le paradis des mormons. Ce ne serait pas de bol. Un très bon moment (je n’ai lu que les 3 premiers, ceci dit) à condition d’avoir de quoi enchainer et d’être riche. (4 tomes en poche, le reste chez l’Atalante)

BONUS :

– Mention spéciale « écrit avec les pieds » : La tapisserie de Fionavar de Guy Gavriel Kay

– Mention spéciale « pour adolescents américains incultes » : Le cycle de Pendragon de Stephen Lawhead

– Mention spéciale « très bon souvenir de lecture adolescente » : Les Dames du lac de Marion Zimmer Bradley

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